Je n’ai aucune idée de l’endroit où je me réveille. Un canapé. Blanc. Que s’est-il passé hier soir ? Je m’étire et un plaid bleu tombe sur le sol, me tirant un regard étonné. Je passe mes doigts dans mes cheveux, encore pâteuse, et je m’asseois pour observer l’endroit où je suis. On dirait un des bureaux de la tour des Vengeurs. Je me mords la lèvre inférieure et secoue la tête. C’est quand même pas possible que j’ai fini là après ma nouba d’hier soir ?

Et pourtant, ça semble bien le cas. Je lisse mon chemisier et pose mes pieds nus sur la moquette. Où sont mes chaussures ? Aucune idée. Je dois en avoir dans mon vestiaire. Mais, pour l’heure, ce qui m’attire le plus, c’est l’étage où se trouve le bar. Il y a toujours de quoi faire dans les frigos pour les fringales de lendemain de cuite. Je sors donc du bureau, prends l’ascenseur et m’arrête au bon étage. L’endroit est vide, évidemment. Il doit être un peu plus de onze heures, et nous sommes dimanche matin. Mis à part Stark, qui doit certainement vivre ici vu le temps qu’il y passe, il n’y a personne dans la tour. J’allume la musique et passe derrière le bar, puis dans la cuisine. Des œufs, du lard, du thé bien chaud, un peu trop de beurre dans la poele. Je trouve un pain au chocolat un peu rassit dans un coin et m’installe sur le plan de travail en croquant dedans. Mes œufs cuisent lentement, le thé commence à embaumer la cuisine. Mon estomac grogne, à peu près assez fort pour réveiller toutes les personnes dans cette fichue tour.

Heureusement qu’il y a personne. Je sers mes œufs, attrape ma tasse fumante et me dirige vers l’entrée de la cuisine et le bar pour m’installer à une table basse. Je soupire de satisfaction en mettant la première bouchée dans ma bouche. C’est à ce moment là que la porte des lieux s’ouvre sur un Stark tiré à quatre épingles. D’un autre côté, face à ma dégaine, un clodo serait tiré à quatre épingles. Il reste des œufs si tu veux. J’en ai fait un peu trop. La poèle est au chaud dans la cuisine. Quand je disais qu’il devait vivre ici. Pauvre Pepper.

Stark m’ignore royalement. Je devrais avoir l’habitude, mais pour être franche… Cela signifierait que j’en ai quelque chose à faire de son avis. Et, je n’en ai rien à faire de l’avis de personne. Celui de Stark encore moins. Mais, il revint quelques secondes plus tard avec une assiette. Ou une minute ? J’en sais rien. Ma migraine est telle que je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe. Pourtant… Pourtant j’ai l’habitude de boire. Donc, du coup… Je pourrais très bien avoir passé une heure toute seule, pour moi ça n’aurait pas changé grand-chose. L’alcool, c’est mal. C’est la dernière fois que j’en bois… Jusqu’à la prochaine.

Le silence se prolonge pendant que nous mangeons, moi avec plus de lenteur que Stark, qui a finit son assiette en même temps que moi. Je me rejette en arrière dans le sofa et remonte mes pieds sous mes fesses. J’observe le savant et lui fait une grimace. Je te rappelle que c’est toi qui paye, alors merci à toi. Et là, il va retirer le prix de la boite sur mon prochain salaire. Tout à fait possible avec lui. Un sourire et… Je prends une inspiration. Je ne sais plus trop… C’est vrai. Je me passe la main dans les cheveux et inspire. J’ai l’impression d’avoir un marteau piqueur dans le crâne. L’occasion… Je sais plus. La solitude, peut être. J’avais juste envie de boire comme un trou, d’oublier… D’oublier la chambre rouge, d’oublier les tueries… Des fois, ça m’arrive d’avoir des sentiments, tu sais. Je lui accorde un rictus amusé avant de continuer. La tour était plus proche que mon appartement. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Le premier endroit où m’effondrer a été le bon. Le plaid, c’était toi ? Je joue avec une mèche de cheveux avant de continuer : Merci… C’est rare qu’on prenne soin de moi. Du coup, je suis un peu déstabilisée. Et, c’est d’une voix bien moins moqueuse et arrogante qu’à mon habitude que je reprends. ça ne t’a pas… gêné ?