Le calme avant la tempête. C’est ce que je ressens en ce moment, alors que devant moi, les gens vont et viennent comme si leur vie était tout à fait normale. Je ne sais pas où je suis, j’ai simplement marché après une longue journée droit devant moi, et j’ai atterrit ici, au croisement de cette rue. Les voitures passent, avancent et klaxonnent, comme tous les jours pourtant cela me semble anormal. Mon regard finit par- être attiré par les gens. New York est une ville de gens pressés, qui avancent et qui se bousculent en s’insultant. Pour moi qui suis adossée à la devanture d’un magasin, je suis relativement à l’abris. Mais, pour les autres…

Je ne comprends pas ce manque total et flagrant de courtoisie. Je ne comprends pas, et pourtant j’ai déjà vécu le pire dans mon enfance, que les hommes continuent à s’ignorer les uns les autres et à se faire du mal volontairement. Et ce sont eux que je dois sauver avec les autres Avengers ? Vraiment ? Je me mords la lèvre, dépitée. Si j’ai choisi de quitter les assassinats et autres missions semi-suicide, ce n’est pas pour me retrouver ici, face à une humanité qui nous dédaigne et nous stigmatise. Ma récente aventure avec Captain me l’a prouvé. Dès qu’on fait quelque chose qui sort des clous, on finit pointé du doigt. Je n’ai pas choisi de protéger ce monde des attaques aussi diverses que variées pour finir pointée du doigt, ni même au pilori.

Bougez de là ma p’tite dame. Vous empêchez les gens d’entrer.

La voix du vendeur me fait tourner la tête. Il a l’air énervé alors même que je ne lui ai pas adressé la parole. Je laisse échapper un soupir et hoche la tête. La cohue m’emporte et je la laisse me guider jusqu’au bar le plus proche où j’entre sans hésiter. L’endroit est miteux. Pas vraiment bien rangé. Et, je suis certaine que la table où je m’installe n’a pas été nettoyée depuis une semaine. Avec un soupir je pose mes fesses sur la banquette de bois et m’y adosse. Lorsque le serveur vient me demander ce que je veux, je demande un scotch, bien tassé. Mon verre tourne entre mes doigts. Je suis pensive, perdue. Je ne sais plus ce que je veux ni même où j’en suis. Et puis, une ombre me fait lever les yeux…