Le monde réel me fait peur, quelque part. Voilà quelques jours qu’Ultron nous a recrutés, mon frère et moi, et j’ai décidé de m’éloigner quelques peu pour découvrir cet univers qui m’a été caché durant tant de temps. Vivre dans une prison n’a pas été facile tous les jours. C’était marche ou crève, après tout. Mais, aujourd’hui, alors que l’immensité du monde se trouve devant moi, je ne sais pas quoi faire. Les gens me font peur. Le ciel me fait peur, si bleu, sans limites. Cet endroit est une nouvelle vie, une vie sans les limites de ma prison. Quelque part, il va me falloir du temps pour m’habituer. Mes pas m’ont conduite tout d’abord dans le métro, bondé, où les gens passent leur temps à se bousculer et à s’ignorer. Certains s’insultent même. D’autres écoutent de la musique trop fort pour mes oreilles. Ici, tout n’est que bruit et vitesse. Les gens ne savent pas se poser pour regarder ce qui les entoure. Et moi, ça ne me convient pas. Alors, je me suis enfuie et j’ai fini dans un endroit où il y avait certes du monde, en ce milieu de matinée, mais bien moins. Le zoo.

Quelque part, je comprends l’expression triste de ces animaux pour avoir été moi-même enfermée dans une cage durant une grande partie de ma vie. Mon regard se pose sur un tigre, et sans réellement me rendre compte de ce que je fais, je pose ma main sur les barreaux. Le pauvre tourne en rond, il passe et repasse sur les mêmes traces, incapable semble-t-il de s’arrêter. Ai-je un jour fait ça ? Non, pas vraiment. J’étais plus comme les deux petits que j’aperçois, cachés sous un arbre, blottie contre mon frère, ignorant le reste du monde, ne vivant que par lui. Pour lui. Mais, maintenant que nous sommes sortis, il n’y a plus rien qui empêche pietro de vivre cette normalité qui l’attire tant. Moi… Moi je ne sais pas. Je ne suis pas sûre de savoir ce que c’est que la normalité. Oh, je l’ai vécue, enfant. Mais, tout ceci est trop loin pour que je m’en souvienne. Bien trop loin. Mon regard croise celui du tigre, et je pousse un soupir. Oui, je comprends. Ma voix me surprend, et je tourne la tête pour vérifier que personne ne m’a entendue. Une fille me regarde bizarrement. Elle a du m’entendre. Je lui fais un sourire un peu crispé et relâche les barreaux avant d’avoir envie de les casser pour libérer l’animal.