Caractère

Capacités

Et si je commençais par la fin de l’histoire hein ? Remonter dans le temps, voilà ce qu’on va faire. On va commencer par la fin, ce que je suis aujourd’hui et on va remonter pour voir ce qui fait ce que je suis. Ça va être très bien, sans problème. Du moins, en partie. Si aujourd’hui tout va bien, cela n’a pas toujours été le cas et vous allez rapidement le savoir. Je n’ai pas toujours été la fille que je suis aujourd’hui. J’ai été quelqu’un d’autre, qui m’a certainement aidé à devenir la fille que j’étais aujourd’hui. Une super-héroïne ? Une justicière ? Appelez ça comme vous voulez. Je fais ce que je pense qu’il doit être fait quand la police ne fait rien. Je les vois bien ces « super-héros » à la télé, mais je ne suis pas comme eux. Je ne veux pas qu’on me voit, je préfère rester dans l’ombre et vivre normalement. Je ne veux pas qu’on sache qui je suis sous mon masque et ma capuche, sinon ils pourraient me retrouver. Et je ne pense pas qu’ils m’accueilleraient avec une assiette de cookies et un verre de lait. Loin de là. Je ne les ai pas trahit, mais presque. De quoi je parle ? Et bien restez là et asseyez-vous. Je vais devoir commencer par le début, cette fois.

Enfant, je n'ai jamais vraiment manqué d'amour. Ma mère m'élevait seule, et tous les jours elle me montrait son affection, une vraie maman poule. Mon père partit le jour même où ma mère lui annonça qu'elle était enceinte. Elle n'avait alors pas fini ses études, et pour pouvoir me garder et m'élever, elle arrêta tout, faisant des petits boulots par-ci par-là. Et cela fonctionnait parfaitement jusqu'à mes seize ans. J'avais d'excellentes notes à l'école, tout le monde prévoyait un avenir brillant pour moi. Ma mère perdit son travail, et vu qu'elle ne possédait aucun diplôme, impossible d'en trouver un autre. Même les supermarchés ne voulaient pas d'elle comme caissière. Elle resta donc à la maison. Nous avions quelques petites économies de côté, c'était l'argent pour me payer des études, mais nous avions besoin de vivre et ma mère ne voulait pas que je travail, elle voulait que je me concentre à cent pour cent dans mes études. Ce que je fis, et nous arrivions à vivre comme ça. Après l'obtention de mon diplôme de fin de lycée, je me trouvais un petit travail d'été, serveuse. Et finalement je gardais ce job. Je ne savais pas réellement ce que je voulais faire comme études, alors j’avais décidé de me prendre une année, où je travaillerais pour mettre de l’argent de côté et où je pourrais également réfléchir à ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie, pour que ma mère soit encore plus fière de moi qu’elle ne l’était déjà. Elle n'avait pas eu d'hommes dans sa vie depuis mon père, du moins pas un qui aurait pu le remplacer à ses yeux. Elle me faisait penser à une princesse déchue qui attendait avec espoir tous les jours que son prince charmant revienne. Dommage pour elle que le prince qu'elle aimait n'était qu'un gros salopard.

Le travail que je faisais alors que ma mère s’occupait de la maison nous permettait de vivre toutes les deux. Pas comme des papes, évidemment, mais il suffisait amplement à nous nourrir et à payer les factures. C’était tout ce que je demandais. Cependant, je remarquais que l'argent commençait à manquer. Mais ma mère était de plus en plus mal, et elle ne pouvait plus me le cacher. Entre les bouteilles d’alcool que je trouvais vide dans sa chambre, dans la cuisine et même parfois dans la salle de bain, je n’avais plus aucun doute. Mais il y avait autre chose. Elle sortait souvent la nuit tombée, stressée à chaque fois. Et revenait toujours environ une heure plus tard. Si elle avait trouvé un travail, elle me le dirait. Et même, un travail qui ne durait qu'une seule heure, qu'est-ce que cela pouvait bien être ? « Je reviens ma chérie, ne m'attends pas. » Là c'en était trop. J'acquiesçais, comme à chaque fois qu'elle me disait qu'elle partait. Je la suivis du regard, jusqu'à ce qu'elle soit au bout de la rue et enfilais mon manteau et mes chaussures, la rattrapant discrètement. Éloignée pour ne pas qu’elle me voie, je l’avais suivie quelques rues plus loin, dans l’un des quartiers les plus mal famés de la ville. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire là bon sang ? Ce n’était pas son genre. En plus, elle avait bu, encore une fois. Je l’avais bien sentie, à son haleine. Il faisait nuit noire, et de là où j'étais je ne distinguais pas parfaitement la scène, mais je compris rapidement de quoi il s'agissait lorsque je vis ma mère sortir une liasse de billets de sa poche, la donnant à cet homme en échange de quelques petits sachets. Et c’était sans échanger un mot, que les deux protagonistes partaient chacun de leur côté. Je restais là où j'étais, attendant que ma mère soit à ma hauteur. « Tu fais quoi là maman ? » Elle sursauta. A vrai dire, c'était l'effet escompté. Elle se retourna ensuite vers moi et me regarda. « Écoute ma chérie, je peux tout expliquer... » Je la regardais, j'aimais ma mère plus que tout, et je ne m'énervais jamais contre elle, mais là je n'avais pas le choix. « Ben vas-y, explique moi ! Parce que j'aimerais vraiment savoir pourquoi tu utilises l'argent que J'AI gagné pour qu'ON puisse vivre pour TE payer des cochonneries pareilles ! » Et là ma mère se lança dans un discours que je n'écoutais qu'à moitié tellement j'étais remontée contre elle. Je la regardais assez méchamment. « Arrête ça, c'est tout ce que je demande. Non seulement tu fous ta vie en l'air, mais la mienne aussi. Alors arrête. » Puis nous étions rentrée. Elle marchait quelques mètres devant moi. Je n’avais plus envie de lui parler, plus ce soir. Pas après ce que je venais de voir. Alors c’était les mains dans les poches que je la suivais. J’espérais qu’elle réfléchissait à son acte. Car moi aussi je pensais. Même sans ces conneries, on commençait à manquer d’argent. Et là. C’est là que je vis cette affiche. La somme d’argent proposée était trop importante pour réfléchir plus longtemps. Je devais le faire. J’arrachais cette affiche et la mettais dans ma poche.

Et je m’étais fais avoir, littéralement. Je m’étais rendu au lieu indiqué, mais rien. Pas d’argent. Juste un sac noir sur la tête, puis une pièce. Froide. Une piqûre. Et puis l’attente. Une longue attente. De temps en temps, quelqu’un venait me voir, pour voir si je vivais encore. Et il semblait satisfait. Je l’entendais marmonner. Je tenais le choc apparemment. Bordel mais  qu’est-ce qu’ils m’avaient fait ? Je me déplaçais beaucoup plus rapidement qu’avant. Mes réflexes, mes mouvements tout était plus rapide. Mais je n’avais pas le droit de sortir.

Jusqu’au jour où…

Cela faisait quelques mois que j’étais ici. Je n’avais pas vu le monde extérieur, et lorsqu’ils me laissèrent sortir pour une mission, la lumière du jour m’éblouit. J’avais exécuté ma mission et parfaitement comprit ce qu’il se passait. Ce n’était certainement pas eux le « bien ». Je devais m’enfuir, le plus vite possible. Retrouver ma mère. J’avais exécuté ma mission, une simple mission d’espionnage pour commencer. J’étais venu rapporter puis ils m’avaient à nouveau conduit jusqu’à ma pseudo chambre. Mais j’avais réussi à m’enfuir. J’avais réussi à voler un trousseau de clef, et j’étais partie, une fois la voie libre. J’avais évidemment déclenché toutes les alarmes, mais ils ne m’avaient pas rattrapé. J’avais réussi à partir.

Et c’est ce que j’avais fais. Voilà pourquoi je suis comme je suis aujourd’hui. J’ai décidé de ne pas prendre part à cette guerre. Alors je fais mon boulot, de mon côté pour ne pas qu’ils me retrouvent. Vous devez vous demander ce qu’en pense ma maman ? Et bien retournons au jour où j’ai fui Hydra.

Quand j'entrais, je ne la voyais pas dans le salon, elle devait dormir en haut dans sa chambre. J’étais chamboulée par ce que je venais d’apprendre, et je ne voulais pas qu’elle le remarque tout de suite. Je me rendais donc à la cuisine, prendre un verre d’eau et respirer un bon coup. J’y passais quelques minutes, quasiment une heure entière en fait, à réfléchir. Devais-je le dire à quelqu’un ?  Ou garder ça pour moi ? Je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire. Quand j’entendis quelqu’un en haut. Du bruit. Quelque chose qui se brise. « Maman ?! » Aucune réponse. Et en y repensant, je ne l'avais toujours pas vu depuis que j'étais rentrée. J’avançais doucement et je la rappelais encore une fois. Toujours rien. Puis un cri. « MAMAN ! » Je montais en moins d’une seconde (et c’était vraiment le cas de le dire) et ouvrais la porte de sa chambre. Son corps baigné dans le sang gisait au sol, alors que la porte était ouverte. On l’avait tué. Qui je ne savais pas. Me rendant à la fenêtre toujours aussi rapidement, je ne voyais rien, ni personne.  Je m’approchais aussi rapidement du corps de ma mère et la soulevait du mieux que je pouvais. J’avais peut-être encore une chance de la sauver si je l’amenais à l’hôpital. J’y arrivais, mais les médecins eux, n’avaient pas réussi à la sauver. Elle était tout ce que j'avais. Les larmes coulaient toutes seules le long de mes joues, lorsque la police vint m’interroger. Mais ils ne faisaient rien. Ce n’était rien, que le meurtre d’une droguée et alcoolique à leurs yeux. Et c’était en colère que je ressortais de cet établissement.

Je n’avais rien dit à personne, j’avais repris le travail. J’avais commencé à sortir la nuit, caché. D’abord, je me servais uniquement de ma vitesse. Puis j’avais prit un arc et des flèches. Comme l’homme à la télé, qui avait aidé les autres héros à sauver la ville. J’avais appris quand j’étais enfant. Il me fallait un costume, pour me cacher, pour qu’on ne me reconnaisse pas. Hydra devait toujours me rechercher, même après quelques années. Une capuche, un masque. Parfait.  Et une nuit, j’en avais vu un autre comme moi. Avec un arc et des flèches, lui aussi. J’avais empiété sur son terrain, et il m’en avait voulu. On s’était bien engueulé. Les insultes fusaient dans la rue, mais on avait réussi à arrêter les malfaiteurs. Puis on s’était revu. Encore, et encore. Je lui avais montré ma super vitesse. Il m’a appelé Speedy. On vit ensemble maintenant. On ne se lâche plus.

Aujourd'hui, je suis amoureuse et heureuse.